Sans Sarah rien ne va!
« Tu tes fait larguer et tu souffres ? Utilise queue autant que tu peux !!! »
Peter Bretter va de galère en galère... Non seulement, il n'arrive pas à percer comme musicien, mais sa petite amie Sarah Marshall, star du petit écran, vient de le larguer. Désespéré, il décide de se rendre à Hawaï pour se changer les idées. Mais une fois sur place, il est plongé en plein cauchemar : son ex est descendue dans le même hôtel que lui... accompagnée de son nouveau petit ami, chanteur de rock à succès. Peter tentera de noyer son chagrin dans les cocktails et de se consoler auprès de Rachel, une ravissante employée de l'hôtel...
« Fait comme dhabitude : lugubre et mystérieux »
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Nouveau gourou de la comédie made in USA, il naura fallu que quelques années au réalisateur/producteur Judd Apatow pour obtenir ce titre pourtant tant convoité. Quelques années durant lesquelles il aura transformé tout ce qui était lié à son nom en or : « 40 ans toujours puceau », quil a lui-même réalisé, mais aussi toute une série de comédies où il a officié comme producteurs et qui ont été des cartons au box-office américain, comme « En cloque, mode demploi » ou encore « Supergrave ». Sans parler des séries quil produit pour la télé. A chaque fois, la recette Apatow est un peu la même : parier sur de jeunes comédiens comiques très prometteurs, et leur laisser carte blanche. Nous avons pu ainsi découvrir grâce à lui les Steve Carell, Paul Rudd, Seth Rogen, ou encore Jonah Hill. Cette fois, Apatow parie sur Jason Segel, jeune comédien issu du monde de la comédie et déjà remarqué dans la série « How I met your mother ». Interprète principal du film, il en a également signé le scénario. La réalisation pour sa part a été confiée au novice Nick Stoller, plus connu pour son travail de scénariste (il a notamment signé le scénario de « Braqueurs amateurs » il y a trois ans avec Jim Carrey).
« Si la vie te balance des citrons, balance-les et tire-toi »
Si les deux dernières productions Apatow, malgré leurs énormes buzz, mavaient très moyennement convaincues (« En cloque, mode demploi » était beaucoup trop long et surtout un poil moraliste, alors que « Supergrave » était inégal), ce « Sans Sarah rien ne va » connaîtra ainsi un destin inverse. En effet, débarquée sur nos écrans dans la plus grande discrétion (pas de matraquage de bande-annonce), cette comédie souffle pourtant un grand vent de fraîcheur et de légèreté sur le paysage de la comédie actuel. Une réussite due essentiellement à la qualité décriture de Jason Segel, qui arrive à dessiner des personnages pour le coup très réels et très humains, avec leur part de doutes, de défauts, et daspirations et pour lesquels on développe un grand sentiment d'empathie, de compassion, et d'attachement. Tour à tour ridicules, attachants, ou blâmables, ils sont traités sans le moindre manichéisme par Segel, qui cherche à leur laisser toujours un espace suffisant pour finalement nous émouvoir. La preuve avec le personnage de Sarah, pourtant à priori le moins sympathique, qui finit par nous attendrir avec ses doutes quant à son succès ou a ses sentiments. Partant de là, le réalisateur malmène gentiment nos personnages à coups de situations absurdes (le héros se fait larguer pendant quil se promène à poil, le concours de simulation dorgasmes), gentiment potaches, mais jamais vulgaires. Tout cela donne le ton à une sympathique comédie romantique, moins cucul quà laccoutumée. Dautant que le scénariste assume son délire jusquau bout, comme avec ce génial opéra rock pour marionnettes, qui finit par donner une vraie personnalité décalée à ce film et à nous attacher définitivement à son héros.
« - Hawaii, cest un coin sympa pour résoudre ses problèmes
- Cest surtout un endroit pour ceux qui cherchent à fuir la réalité »
A la réalisation, Stoller signe des débuts plutôt convaincants, même si cette dernière manque un peu de personnalité. En filmant un peu à la manière dune série télé, Stoller réussit à placer le génial Jason Segel au centre du film et à faire tourner celui-ci autour de sa personne. Un procédé qui lui permet de tirer le meilleur parti des géniales improvisations du comédien, et qui ne dénature en rien le film, puisque le personnage de Sarah Marshall est une comédienne de télé et que son ex-compagnon Peter le héros était le compositeur de la série. Dès lors, rien de choquant à voir que la plupart des comédiens du casting viennent de la télé. Encore une fois, Jason Segel (de la série « How I met your mother ») crève littéralement lécran en donnant parfaitement vie à ce très attachant personnage de grand dadet largué par sa copine, déprimé, qui reprend goût à lamour auprès dune charmante réceptionniste de lhôtel. Les deux femmes entre lesquelles son cur balance sont campées magistralement par les très charmantes Kristen Bell (de la série « Veronica Mars »), quon aurait pas imaginé aussi à laise dans le registre de la comédie, et Mila Kunis (de la série « That 70s show »), qui contrairement à la série, fait ici preuve de beaucoup de douceur et de compréhension. Si on retrouve également quelques habitués des films de Apatow, comme les toujours déjantés Paul Rudd et Jonah Hill, la grande découverte de ce film est sans conteste langlais Russell Brand, totalement hallucinant dans le rôle dun rockeur déjanté et obsédé par le sexe. Ne reculant devant rien, le comédien est tout simplement hilarant dun bout à lautre du film, même si jai un petit faible pour ses grandes théories sur les femmes et le sexe, et pour sa chanson en public intitulée « Au fond de toi » ! Même si on pourra reprocher au film quelques petits défauts (notamment quelques petites longueurs), ce « Sans Sarah rien ne va » nous offre un divertissement foncièrement pechu et optimiste, dune rare fraîcheur et dune rare efficacité, symbole du renouveau de la comédie américaine. Un renouveau marqué par une volonté de faire fi du puritanisme ou dun moralisme bon ton (on parle ici crûment de sexe, sans parler de mariage, ça change !). Retenez bien le nom de Jason Segel, ce comédien génial doublé dun scénariste fin et prometteur risque bien de devenir un grand de la comédie de demain !
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