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06 Jul

Et toi t’es sur qui ?

Publié par platinoch  - Catégories :  #Inclassables

« Ni vieille fille, ni grosse salope »

 

Fort d’un grand enthousiasme de la presse spécialisée, le premier long de Lola Doillon était forcément attendu. Et ce même à double titre, puisque la réalisatrice n’est autre que la fille du réalisateur Jacques Doillon, et la compagne du réalisateur Cédric Klapisch. Avec un tel environnement familial, il était forcément intéressant de voir comment celle-ci allait se comporter derrière la caméra, et trouver son propre style.

La première remarque que l’on puisse faire, c’est que pour un premier film elle n’a pas choisi un thème facile. En effet, filmer l’adolescence, ce passage si compliqué de l’âge d’enfant à l’âge adulte, et le rapport que ces adolescents peuvent avoir à la sexualité et à l’amour était forcément  sensible et casse-gueule. D’autant que certains de ses prédécesseurs avaient déjà réalisé des films forts et références sur le sujet. On peut ainsi citer dans des genres différents « L’argent de poche » de Truffaut (1975) ou plus récemment « L’esquive » de Kechiche (2004). Résultat des courses.

Rezo Films

 

« On doit coucher avant la fin de l’été »

 

L’histoire :

 

Fin de l’année scolaire. Elodie et Julie, 15 ans, se lancent le défi de perdre leur virginité avant la fin de l’été. Malheureusement pour elles, les choses ne se passent pas comme elles auraient pu l’imaginer. Julie, la gothique, va remplir sa part du contrat plus vite que prévu avec Vincent, le meilleur ami d’Elodie qui ne voit pas ça d’un très bon œil. Par esprit de revanche, Elodie va coucher avec Nicolas, grande gueule de la bande qui drague Julie. Et comme si ça ne suffisait pas, il faut que les sentiments s’en mêlent. Ainsi, Vincent déclare sa flamme à Elodie…

Amère confrontation au monde des adultes et de leurs problèmes, à une réalité qui les dépasse, pour des adolescents qui se cherchent dans un monde où ils n’ont pas de repères.

Gaël Tavares et Lucie Desclozeaux. Rezo Films

 

« Depuis que je l’ai fait, je ne me sens plus pareil »

 

Pour son premier long, Lola Doillon a choisi de filmer l’adolescence quasiment à la manière d’un reportage, avec des acteurs « non-professionnels », et des dialogues écrits avec un langage actuel, moderne, et laissant une grande part à l’improvisation et à la spontanéité. Soit.

Le seul problème, c’est que l’ensemble reste quand même trop romancé. Si l’intention est louable de prendre ces adolescents quasiment sur le vif, en revanche, la vision des choses est souvent assez fausses. Mes 15 ans commencent un peu à remonter, mais si c’est franchement l’âge bête, les héros qui nous sont donnés à voir ici sont pour le coup vraiment demeurés !

Ainsi, entre la fausse grande gueule toujours vulgaire, l’adolescent qui fantasme sur les héroïnes de ses jeux vidéos et la gothique qui se tape le premier venu dans les vestiaires pour sa première fois, le moins que l’on puisse dire c’est que Lola Doillon est tombée dans tous les pièges des stéréotypes qui lui étaient tendus !

Après sur l’approche du domaine sexuel par nos adolescents, il n’y a pas grand chose de novateur. Il s’agit bien là d’une bête curieuse qui les travaille tous, et qui modifie leurs rapports les uns avec les autres. C’est gentil, mais rien de bien nouveau à ce niveau-là sous la comète.
Même au niveau du ton : ils parlent plus sur téléphone portable et MSN que les autres, sont peut-être plus vulgaires et plus crus. Et après ? Après pas grand chose, Doillon se perd dans une tonalité générale qui tangue entre le film d’auteur et « American pie », sans jamais trouver une homogénéité de style qui lui soit propre et qui le rende crédible.

Gaël Tavares et Héloïse Etrillard. Rezo Films

 

Si on met de côté ses excès qui plombent un peu le film sur le fond, on reconnaîtra en revanche que sur la forme il n’y a pas grand chose à redire. Le film est mis en scène avec beaucoup de légèreté, et de spontanéité. On reconnaîtra quelques longueurs, mais dans l’ensemble rien d’insoutenable. Et rien de passionnant non plus.

 

Les jeunes comédiens qui découvraient pour la plupart les affres du passage devant la caméra ne s’en sortent pas si mal, même si là encore on a pas déniché le nouveau Jean-Pierre Léaud. Néanmoins, on adressera une mention spéciale pour Christa Theret qui se sort parfaitement d’un personnage ingrat et caricatural de gothique déluré, et pour Gael Tavares, qui affiche une belle maturité et un grand naturel.

Christa Theret et Nicolas Schweri. Rezo Films

 

« Y’en a d’autres qui doivent sortir ? »

 

Pour conclure, Lola Doillon signe avec son premier long un film qui tient un peu de la fumisterie. En prenant un sujet forcément délicat et porteur, et en y apportant une dose de modernité dans les dialogues et de spontanéité (qui faisait un peu défaut aux films du genre ces dernières années, mis à part « L’esquive »), elle s’est attirée les bonnes grâces d’une presse n’hésitant pas à la comparer à des gens comme Truffaut…

Si je reconnais volontiers que le sujet du film ne m’a absolument ni touché ni concerné (ce qui joue toujours sur la partialité d’une critique), honnêtement le film n’est jamais passionnant et reste toujours assez superficiel et caricatural. A défaut d’être réellement mauvais, pas de quoi crier au génie non plus !!!



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B
ça tombe bien, je n'avais pas l'intention d'aller voir ce film dont le sujet est toujours source de ratage complet. Pour réussir un bon film sur le passage de l'adolescence à l'age adulte, dont la perte de virginité n'est pas spécialement le passage obligé ni le plus représentatif, mais forcément fraveleux et aguicheur pour faire des entrées, il faudrait qu'ilo soit tournée par de vrais ados, mais à cet age, on est pas le coup. Film nul annoncé et forcément...
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!