Et toi tes sur qui ?
« Ni vieille fille, ni grosse salope »
Fort dun grand enthousiasme de la presse spécialisée, le premier long de Lola Doillon était forcément attendu. Et ce même à double titre, puisque la réalisatrice nest autre que la fille du réalisateur Jacques Doillon, et la compagne du réalisateur Cédric Klapisch. Avec un tel environnement familial, il était forcément intéressant de voir comment celle-ci allait se comporter derrière la caméra, et trouver son propre style.
La première remarque que lon puisse faire, cest que pour un premier film elle na pas choisi un thème facile. En effet, filmer ladolescence, ce passage si compliqué de lâge denfant à lâge adulte, et le rapport que ces adolescents peuvent avoir à la sexualité et à lamour était forcément sensible et casse-gueule. Dautant que certains de ses prédécesseurs avaient déjà réalisé des films forts et références sur le sujet. On peut ainsi citer dans des genres différents « Largent de poche » de Truffaut (1975) ou plus récemment « Lesquive » de Kechiche (2004). Résultat des courses.
« On doit coucher avant la fin de lété »
Lhistoire :
Fin de lannée scolaire. Elodie et Julie, 15 ans, se lancent le défi de perdre leur virginité avant la fin de lété. Malheureusement pour elles, les choses ne se passent pas comme elles auraient pu limaginer. Julie, la gothique, va remplir sa part du contrat plus vite que prévu avec Vincent, le meilleur ami dElodie qui ne voit pas ça dun très bon il. Par esprit de revanche, Elodie va coucher avec Nicolas, grande gueule de la bande qui drague Julie. Et comme si ça ne suffisait pas, il faut que les sentiments sen mêlent. Ainsi, Vincent déclare sa flamme à Elodie
Amère confrontation au monde des adultes et de leurs problèmes, à une réalité qui les dépasse, pour des adolescents qui se cherchent dans un monde où ils nont pas de repères.
« Depuis que je lai fait, je ne me sens plus pareil »
Pour son premier long, Lola Doillon a choisi de filmer ladolescence quasiment à la manière dun reportage, avec des acteurs « non-professionnels », et des dialogues écrits avec un langage actuel, moderne, et laissant une grande part à limprovisation et à la spontanéité. Soit.
Le seul problème, cest que lensemble reste quand même trop romancé. Si lintention est louable de prendre ces adolescents quasiment sur le vif, en revanche, la vision des choses est souvent assez fausses. Mes 15 ans commencent un peu à remonter, mais si cest franchement lâge bête, les héros qui nous sont donnés à voir ici sont pour le coup vraiment demeurés !
Ainsi, entre la fausse grande gueule toujours vulgaire, ladolescent qui fantasme sur les héroïnes de ses jeux vidéos et la gothique qui se tape le premier venu dans les vestiaires pour sa première fois, le moins que lon puisse dire cest que Lola Doillon est tombée dans tous les pièges des stéréotypes qui lui étaient tendus !
Après sur lapproche du domaine sexuel par nos adolescents, il ny a pas grand chose de novateur. Il sagit bien là dune bête curieuse qui les travaille tous, et qui modifie leurs rapports les uns avec les autres. Cest gentil, mais rien de bien nouveau à ce niveau-là sous la comète.
Même au niveau du ton : ils parlent plus sur téléphone portable et MSN que les autres, sont peut-être plus vulgaires et plus crus. Et après ? Après pas grand chose, Doillon se perd dans une tonalité générale qui tangue entre le film dauteur et « American pie », sans jamais trouver une homogénéité de style qui lui soit propre et qui le rende crédible.
Si on met de côté ses excès qui plombent un peu le film sur le fond, on reconnaîtra en revanche que sur la forme il ny a pas grand chose à redire. Le film est mis en scène avec beaucoup de légèreté, et de spontanéité. On reconnaîtra quelques longueurs, mais dans lensemble rien dinsoutenable. Et rien de passionnant non plus.
Les jeunes comédiens qui découvraient pour la plupart les affres du passage devant la caméra ne sen sortent pas si mal, même si là encore on a pas déniché le nouveau Jean-Pierre Léaud. Néanmoins, on adressera une mention spéciale pour Christa Theret qui se sort parfaitement dun personnage ingrat et caricatural de gothique déluré, et pour Gael Tavares, qui affiche une belle maturité et un grand naturel.
« Yen a dautres qui doivent sortir ? »
Pour conclure, Lola Doillon signe avec son premier long un film qui tient un peu de la fumisterie. En prenant un sujet forcément délicat et porteur, et en y apportant une dose de modernité dans les dialogues et de spontanéité (qui faisait un peu défaut aux films du genre ces dernières années, mis à part « Lesquive »), elle sest attirée les bonnes grâces dune presse nhésitant pas à la comparer à des gens comme Truffaut
Si je reconnais volontiers que le sujet du film ne ma absolument ni touché ni concerné (ce qui joue toujours sur la partialité dune critique), honnêtement le film nest jamais passionnant et reste toujours assez superficiel et caricatural. A défaut dêtre réellement mauvais, pas de quoi crier au génie non plus !!!
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