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06 Jul

The bubble

Publié par platinoch  - Catégories :  #Films Politiques-Historiques

« Il est interdit de filmer…et puis après tout je m’en fous »

 

Chef de file du cinéma engagé israélien, Eytan Fox, qui avait signé voilà près de trois ans l’excellent « Tu marcheras sur l’eau » nous propose sa nouvelle réalisation, « The bubble ». Après cette histoire d’agent du Mossad se liant d’amitié malgré ses préjugés à jeune allemand homosexuel et petit-fils de nazi, il nous revient avec un sujet tout aussi accrocheur, à savoir une liaison homosexuelle entre un israélien et un palestinien. Du lourd, quand même !

En tous cas, si on reste libre d’adhérer ou non aux films réalisés et proposés par Fox, on doit au moins lui reconnaître que ses films ont le mérite de faire réfléchir et d’inciter à la discussion. Et on doit reconnaître également que son film précédent, « Tu marcheras sur l’eau » était non seulement bouleversant, mais qu’il montrait l’étendu du talent du bonhomme. « The bubble » devenant du coup un film à voir absolument. Impressions.

 

« Alors les mecs à l’armée ? Pas même un mignon terroriste ? »

 

L’histoire :

 

Noam termine son service militaire. Affecté à la surveillance d’un check point, il vit tous les jours dans le stress et voit les palestiniens s’y faire humilier quotidiennement. De retour à sa vie civile, à Tel Aviv, il retrouve son emploi de disquaire, et surtout ses deux colocataires, Yali le gérant de café et homosexuel comme lui, et Lulu vendeuse délurée d’un salon de beauté. Tous trois partagent un appartement d’un quartier branché de Tel Aviv, surnommé « The bubble », la bulle, en raison de son calme apparent, et de son éloignement physique et idéologique des idées bellicistes. Un jour le calme est troublé par la venu d’Ashraf, un palestinien que Noam avait croisé au Check point. Entre ces deux-là, un amour improbable naît très vite. Et qui impose un certain nombre de contraintes…

Yousef Sweid et Ohad Knoller. Ad Vitam

 

« C’est quoi la récompense du martyr homo ? 70 monsieurs muscles ? »

 

La force du cinéma de Fox, c’est de reposer avant tout sur des idées intelligentes. Cinéaste ouvert, moderne, revendiquant l’idée d’une certaine conception libérée de la société, il se place toujours en observateur critique de la politique souvent violente d’Israël. Et ce sans sombrer dans l’angélisme, puisqu’il montre également, et c’est le cas dans ce film, la bêtise primaire des ripostes palestiniennes. A ce titre, et comme « Tu marcheras sur l’eau », « The bubble » est intéressant à plusieurs niveaux. Tout d’abord, spécialement pour les spectateurs internationaux qui ne sont pas spécialistes, il offre une vision intéressante d’une partie de la jeunesse, ouverte et éprise de libertés, qui existe aussi en Israël. Mais le film est intéressant aussi car il propose une réflexion plus profonde sur le conflit au travers du prisme de l’amour que se porte deux hommes venant chacun d’un côté. Ressortissants de deux nations qui s’affrontent, homosexuels dans des pays où le poids de la religion est quand même important, leur rencontre est aussi belle qu’improbable et impossible. En soulignant la barbarie des uns (côté israélien, les humiliations qu’ils font subir aux palestiniens lors des check points, le bellicisme lattent avec les passants qui les empêchent de distribuer leurs tracts, et surtout avec le « dommage collatéral » que constitue l’assassinat de la sœur), et des autres (Côté palestinien, il montre notamment le manque d’ouverture des gens avec la sœur qui juge violemment son frère après son coming-out, ou encore la barbarie des ripostes aveugles que sont les attentats suicides), sans réellement prendre position, il délivre un message politique fort, et qui fait du bien, loin de ce que les instances de ces deux états peuvent prôner dans les médias.

Yousef Sweid, Daniela Virtzer, Alon Friedman et Ohad Knoller. Ad Vitam

 

L’autre force de Fox, c’est la fluidité qu’il donne à l’ensemble. Passant de moments d’une rare légèreté, filmés à la manière de « L’auberge espagnole », on passe à des moments beaucoup plus crispants où la caméra se fait beaucoup plus nerveuse d’un seul coup. On regrettera cependant la fin, déconcertante et inutile, qui ne plombe pas pour autant l’ensemble. Il est également renforcé dans sa démarche par une interprétation formidable de manière générale, la palme revenant à Yousef Sweid (dans le rôle d’Ashraf), bouleversant de bout en bout. Daniela Wircer, brille par sa légèreté finalement très grave et nous délecte d’un joli numéro de franglais, tandis que Ohad Knoller et Alon Friedman sont toujours très justes.

Ad Vitam

 

« Il y a peut être un paradis où nous pourrons nous aimer »

 

En conclusion, Eytan Fox nous revient trois ans après l’excellent « Tu marcheras sur l’eau » avec un nouveau film politiquement critique et très fort, « The bubble ». Nom du quartier jeune et branché de Tel Aviv, qui vit assez déconnecté avec ce qui se passer dans le reste du pays et des territoires et où règnerait presque une certaine forme d’insouciance, il sert de cadre à l’amour improbable que vivent deux homosexuels, un israélien et un palestinien. Traité avec finesse, reposant sur un scénario des plus intelligents et une interprétation de grande qualité, il propose un portrait intéressant sur une jeunesse finalement éprise de libertés et de paix, ainsi qu’une reflexion certes redondantes mais toujours indispensable sur l’absurdité de la guerre. Le propos et le traitement sont probablement moins forts que dans son film précédent, tout comme les émotions suscitées. Néanmoins, Fox s’impose peu à peu comme le chef de file du cinéma contestataire israélien et propose des films à la portée politique forcément indispensable. A voir.



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B
J'avais beaucoup aimé son précédent, et selon ta critique, je devine aisément qu'il doit être aussi bien. Tu donnes envie d'aller vérifier la justesse de tes propos. A suivre...
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!