The weather man
« Un nouveau départ, voilà ce quil faudrait »
Voilà un film que je voulais voir figurer sur mon blog depuis un petit moment. Son récent visionnage en dvd men a donc enfin donner loccasion !!!
Ce petit film signé Gore Verbinski était injustement passé inaperçu (comme hélas beaucoup de bons films) lors de sa sortie en salle. Il faut dire que sur Paris, il était resté à laffiche huit jours dans seulement deux salles. Cest peu !
Pourtant, son réalisateur, Gore Verbinski, habitué des grosses machines à succès (« Le cercle », la trilogie « Pirates des Caraïbes »), avait déjà acquis une certaine légitimité pour voir son film obtenir une meilleure diffusion. Car ce « Weather man » est sorti en 2005, soit exactement entre « Pirates des Caraïbes, la malédiction du Black Pearl », et sa suite « Pirates des Caraïbes, le secret du coffre maudit ». Mais on doit reconnaître que ce film est en totale rupture avec tout ce quil avait pu filmer auparavant. Il faut dire que par son sujet, plus intimiste, et par son traitement, clairement anti-hollywoodien (dans le genre d « American Beauty »), Verbinski propose un film beaucoup moins grand public que ses autres réalisations. Impressions.
« Meurs pas tout de suite, Robert. Laisse-moi le temps de me reprendre en main »
Lhistoire :
Chicago. David Spritz est le monsieur météo de lémission dinformation régionale matinale. Avec un travail lui prenant peu de temps et lui rapportant un confortable salaire, sa vie pourrait être idyllique. Mais il nen est rien. Entre ses rêves décrivain raté, écrasé par la figure de son père grièvement malade et lauréat du Pulitzer, le manque de respect de ses congénères, et surtout son douloureux divorce dont il ne se remet pas, et qui a totalement déstabilisé ses enfants (sa fille est obèse et mal dans sa peau, alors que son fils de 15 ans fume de lherbe et doit suivre un programme encadré par un éducateur qui savère être pédophile), David est au fondu trou et semble avoir du mal à se relever et à avancer. Pourtant, il a tapé dans lil de « Hello America », le programme dinformation du matin, cette fois-ci national, qui cherche un nouveau présentateur météo et qui lui propose un pont dor pour le faire venir. A ce tournant particulier de sa vie, David va devoir se reprendre en main, apaiser les tensions autour de lui pour son bien et celui des siens, trouver sa place dans la société, et enfin avancer
« Fast food ? De la merde que les gens préfèrent balancer plutôt que de finir. Cest pas mauvais mais est-ce nourrissant ? Voilà ce que je suis, du fast food »
Ce qui est déroutant dans « The weather man », cest de voir que Verbinski, habitué jusquici au cinéma de genre, aux grosses machines hollywoodiennes, et aux films spectaculaires grand public, a choisi de traiter dun sujet assez minimaliste, et pour le coup qui ne parle pas à tous les publics. Car son film, centré autour des problèmes existentiels et de mal-être dun homme, est teinté dune certaine tristesse, de mélancolie, mais aussi de cynisme et dhumour noir. Lensemble du film ayant une teinte générale assez sombre. Si certaines scènes sont au premier abord franchement drôles, elles apparaissent après réflexion comme profondément dramatiques. Et avec un scénario parfaitement écrit, des situations filmées à hauteur dhomme, et quelques répliques dun humour noir très savoureux, Verbinski fait très souvent mouche, et atteint des sommets démotion (la dernière discussion entre Cage et Caine dans la voiture de ce dernier).
Plus que tout, ce qui est frappant cest de voir que Verbinski réalise ici un film totalement anti-hollywoodien. « The weather man » ne comporte en effet aucun gros effets visuels, na rien de la superproduction et se montre même assez subversif. Cette histoire finalement ordinaire de type maladroit, empêtré dans une crise de la quarantaine difficile pour cause de divorce et denfants à la dérive, cette remise en cause de sa place dans une société de fast-food, où seule limage compte et où on vous méprise et où on vous jète très vite, na rien du message habituel véhiculé par le cinéma hollywoodien. Car avec cette histoire dune universalité confondante et dun profond pathétisme, Verbinski draisse un portrait peu glorieux de lAmérique, loin de « lAmerican way of life » vantée par des générations de cinéastes américains, et plus proche dune certaine réalité de la société américaine, plus cruelle, plus individualiste, plus violente.
« Dans cette chienne de vie, il faut mettre certaines choses de côtés. Il faut balancer ce qui encombre dans cette chienne de vie. On est toujours en état de veille. Tu as le temps mon grand »
A défaut dun casting pléthorique, Verbinski profite à plein de la qualité des acteurs quil a à sa disposition. Nicolas Cage trouve ainsi ici lun de ses meilleurs rôles, dans ce qui semble être son dernier bon film en date. Il brille par ses airs de chien battu, sa maladresse dans lexpression de ses sentiments, et son côté désabusé, qui donnent une dimension très réelle à son personnage. Michael Caine irradie également le film de sa classe et de sa justesse en père sur le point de mourir, et qui essaie à son niveau de simpliquer, de trouver des solutions et darranger les choses avant de partir. Son charisme naturel est parfait pour ce personnage de figure paternelle forte et écrasante, et impeccablement responsable jusquau bout. Derrière, les autres comédiens se contentent finalement de peu de temps devant la caméra, mais tous, de Hope Davis à Gil Bellows, en passant par les comédiens jouant les deux enfants de Cage, réalisent le sans faute.
« Je ne suis que Monsieur Météo. Une sorte de réussite à laméricaine. Cest là quest ma place. Derrière la brigade de pompiers numéro 47. Mais devant Bob lEponge »
Pour conclure, Verbinski signe ici un film aux antipodes de toutes ses autres réalisations. Film minimaliste, réaliste et mélancolique, « The weather man » brille par le traitement de son sujet, filmé à la fois à hauteur dhomme et avec un important soupçon dhumour noir qui lui évite de sombrer dans le misérabilisme. En réalisant un film finalement assez subversif, montrant lenvers du décor américain, loin du modèle social idyllique que les films américains nous ventent habituellement, Verbinski nous propose un film complètement anti-hollywoodien. Une chose incroyable pour lun des cinéastes dont les films réalisent internationalement des records de recettes! Construit sur un scénario des plus fins et des plus intelligents (montrant au passage la force dobservation de la société dont est capable Verbinski), filmé à hauteur dhomme, et magistralement interprété, ce « Weather man » propose une critique assez sévère de la société américaine. Et le moins que lon puisse dire cest quavec une grande subtilité, Verbinski réalise un coup de maître et prouve qu'il est cinéaste complet. Un film que je vous conseille vraiment de voir !!!
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