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08 Sep

Les trois p'tits cochons

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies

« Arrête tes bêtises pendant qu’il en est encore temps. Fait comme Christian : tu te loues deux ou trois pornos dans la semaine, une boite d’essuie-tout, tu sors le méchant, ça calmera tes ardeurs ! »

A l'hôpital, trois frères se rencontrent au chevet de leur mère dans le coma. Pour passer le temps, ils discutent des mérites et plaisirs de la fidélité et de l'infidélité conjugale. Les conversations des deux plus jeunes avancent au gré des jours dans des détails et des fantasmes de plus en plus juteux, ce qui les poussera à agir à l'encontre de la morale et des valeurs plus solides de l'aîné.

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« Ma mère dit qu’un homme marié, c’est comme un livre de la bibliothèque. Tu peux l’emprunter, prendre du plaisir avec, mais il faut toujours le rendre à la fin »

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Personnage fantasque, humoriste populaire et apprécié au Québec, Patrick Huard avait déjà une jolie carrière au cinéma en tant qu’acteur, étant apparu notamment chez Denys Arcand et dans plusieurs gros cartons du cinéma québécois. Il passe pour la première fois derrière la caméra à l’occasion de ces « Trois p’tits cochons », film dont il signe également le scénario. Complètement dans l’air du temps, ce premier essai s’avèrera gagnant puisque « Les trois p’tits cochons » a connu un énorme succès critique et public dans les salles québécoises et canadiennes. En outre, il sera le film ayant généré le plus de recettes sur le territoire canadien pour l’année 2007. De quoi en faire une des curiosités ciné de l’été.

« Si j’avais lu un livre à la place de chaque porno que j’ai vu, je serais un gars vachement cultivé »

Succès surprise du cinéma québécois de l’année dernière, « Les trois p'tits cochons » suscitait d’autant plus la curiosité que les rares films de nos cousins de la Belle Province à sortir sur nos écrans nous avaient emballé (« La grande séduction », « Mambo Italiano », la trilogie de Denys Arcand). La réussite du film tient pour beaucoup à l’ingéniosité et au talent de Laurent Huard, qui réussit avec élégance son numéro d’équilibriste. Dans la lignée des films de potes et de mecs qui sont légions dans le cinéma français (« Un éléphant ça trompe énormément », « Mes meilleurs copains »), le film aborde avec beaucoup d’humour les préoccupations des hommes, tiraillés entre leurs responsabilités familiales et leur libido. Avec un esprit souvent potache et cynique, mais jamais méchant, Huard nous conte les mésaventures de cette fratrie, dont les membres peinent à trouver l’équilibre entre raison et passion, entre désirs et obligations. Mais derrière la gaudriole et les situations forcément drôlissimes, Huard réalise le coup de force de signer un film moins léger qu’il n’y paraît, véritable instantané social de notre époque, où les couples sont de plus en plus difficiles à maintenir à flot, usés par une vie de plus en plus difficile, et par des tentations qui se sont véritablement multipliées avec la libération sexuelle assumée des deux sexes. Car derrière, les interrogations universelles des trois frangins sont assez symptomatiques de l’époque, avec la peur du temps qui passe, la revendication du droit à un certain égoïsme, ou du moins à une forme d’hédonisme. Mais dans tous les cas, le réalisateur parvient à trouver et à maintenir le parfait équilibre entre humour hilarant (Christian qui raconte les synopsis de ses films de cul préférés, la vie cachée de l’ainé) et passages plus émouvants (le benjamin qui se blotti dans les bras de sa mère comateuse, la solitude du héros largué par sa femme et dépassé par sa maitresse). Une tonalité particulièrement authentique et dans l’air du temps qui fonctionne également grâce à l’approche intelligente du réalisateur qui ne cherche à aucun moment à victimiser ni les hommes ni les femmes dans ces histoires complexes de sentiments et de désirs.

« Les femmes, elles ont besoin de faire l’amour et parfois de baiser. Alors que nous, les hommes, on a besoin de faire l’amour, de baiser, et en plus on a besoin de fourrer! »

On pourra toujours regretté le format un poil trop long, qui n’évite pas quelques longueurs, ainsi que le temps véritablement excessif que le réalisateur consacre à Mathieu, le deuxième des trois frères. Au détriment des deux autres, de Christian, le plus jeune des trois et potentiellement le plus drôle car le plus immature, et de Paul, le plus surprenant. De même qu'on regrettera la fin un peu trop explicative (voire moraliste ?) qui n’était pas forcément nécessaire (avec la mère au bord de la piscine). On regrettera également l’absence d’ambition formelle et esthétique de la mise en scène de Huard, qui se traduit par un visuel un peu trop « téléfilm ». Cela est d’autant plus dommage que les comédiens se montrent tous excellents, à commencer par les trois héros Claude Legault, Paul Doucet, et Guillaume Lemay-Thivierge. A noter également côté féminin les très bonnes prestations de Sophie Prégent et d’Isabel Richer. Néanmoins, les petits défauts du film s’oublient bien vite grâce au rythme endiablé avec lequel se succèdent les situations les plus décalées et les plus drôles. On en oublierait presque la tonalité finalement amère et mélancolique du film (le personnage de Gaston le ramoneur) qui plane au-dessus du film pour mieux le dominer. Portrait doux-amer d’une génération en crise, Huard signe là une comédie de mœurs particulièrement efficace qui n’en oublie pas d’être finalement assez symptomatique d’une époque difficile. Une réussite !!!

  



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F
Une excellente surprise !Mon film du mois en aout.
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B
Oui, une réussite malgré ses défauts de longueur et aussi de manque de sous titrage plus complet, car nos cousins d'outre atlantique ont comme nos frangins ch'tis un petit accent sympathique mais encore un langage vieux françois et franglais pas si évident a assimiler. A voir !
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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!