Theeb - la naissance d’un chef
Un grand merci à Jour2Fête pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Theeb - la naissance d’un chef » de Naji Abu Nowar.
« Le nom de votre père nous a amené ici »
Péninsule arabique, 1916, sous l’occupation britannique. Dans un campement bédouin, au coeur du désert, le jeune Theeb, 10 ans, vit avec son grand frère Hussein.
Une nuit, un officier britannique s’invite dans la communauté : Hussein accepte de le guider à la recherche d’un puits, sur la route de la Mecque. Mais Theeb refuse de se séparer de son frère et décide de les suivre à distance…
« Ne touche jamais à mon frère, quoi qu’il ait fait »
Né à Londres au sein d’une famille plutôt aisée d’immigrés jordaniens, Naji Abu Nowar grandit en écoutant les récits d’aventures des bédouins du désert que lui racontent ses parents et qui nourrissent son imaginaire. Bien que sa famille soit retournée vivre en Jordanie, il revient à Londres pour y mener ses études. C’est à cette période qu’il commence à s’intéresse aux arts et notamment au cinéma. Travaillant d’abord comme scénariste, il écrit et réalise son premier court-métrage, « Death of a boxer » en 2009. Il lui faut néanmoins attendre près de sept ans pour boucler l’écriture et la production de son premier long-métrage, « Theeb – La naissance d’un chef » qui sortira sur les écrans en 2016 et dont le tournage nécessitera près d’un an de préparation (repérage des décors dans le désert, négociations avec l’une des dernières tribus de bédouins du désert jordanien pour qu’ils acceptent de figurer dans le film…). Présenté dans de nombreux festivals, le film a notamment créé la sensation au Festival de Venise en obtenant le Prix Orizzonti du meilleur réalisateur. Sélectionné pour représenter la Jordanie à l’Oscar du Meilleur Film étranger (finalement remporté par « Le fils de Saul » du hongrois Laszlo Nemes), Naji Abu Nowar a néanmoins été récompensé du BAFTA du meilleur premier film.
« Cette piste est dangereuse, elle est pour les hommes »
En langue bédouine, « Theeb » signifie « Loup ». Un animal respecté des populations pour son intelligence, sa ruse et pour son courage. Des qualités rares qui sont celles de Theeb, le jeune héros du film, un gamin bédouin qui décide de braver les interdits pour accompagner son frère qui sert de guide dans le désert à un mystérieux officier britannique. Forcément, il se dégage du film quelque chose qui rappelle immanquablement le mythique « Lawrence d’Arabie » de David Lean : l’irruption d’un officier anglais à la blondeur arrogante au sein d’une tribu de bédouins, le contexte de la première guerre mondiale contre l’Empire Ottoman. Et puis surtout, l’immensité du désert… Pourtant très vite, le contexte et les enjeux militaires vont disparaitre et laisser la place à un film d’aventures d’inspiration plus volontiers westernienne dans sa construction. Ainsi, alors qu’ils s’enfonceront dans l’immensité perdue, nos aventuriers vont faire une mauvaise rencontre et voir le désert se refermer sur eux comme un piège. Véritable climax du film, la séquence de fusillade est magnifiée par le réalisateur qui reprend à son compte le thème de l’assiègement si cher au western en jouant parfaitement des (sublimes) décors, de la chaleur et de l’obscurité de la nuit pour lui donner plus de relief et de puissance. Particulièrement réussie, cette séquence qui sent bon la poudre, le sang et la poussière, a le bon goût d’oser aborder la violence de manière frontale, lui donnant ainsi plus d’intensité. Pour le reste « Theeb » est aussi – et avant tout – un récit initiatique, la découverte et l’apprentissage par un jeune garçon du monde des hommes, avec ce qu’il comporte d’aventures, mais aussi de peur, de cruauté et de responsabilités. Le héros apparait ainsi comme un trait d’union entre plusieurs mondes antagonistes : celui de l’enfance et celui des adultes ; mais aussi celui des temps modernes (le train et la voie de chemin de fer) par opposition à la tradition séculaire (l’apprentissage de la cartographie des étoiles pour se dirgier). Seul petit regret, le style très épuré (pour ne pas dire aride) du réalisateur – à l’image des longues séquences dans le désert sans paroles ni musique – qui donne à ce joli film un abord un peu (trop ?) austère.
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Le DVD : Le film est proposé en version originale arabe (5.1 et 2.0). Des sous-titres français sont également proposés.
Côté bonus, le film est accompagné d’une Interview du réalisateur Naji Abu Nowar.
Edité par Jour2Fête, « Theeb - la naissance d’un chef » est disponible en DVD depuis le 4 avril 2017.
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