28 Sep

Le Maitre d'école

Publié par Platinoch - Catégories : #Comédies

Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le maitre d’école » de Claude Berri, dans le cadre du coffret qui lui est consacré par l’éditeur.

« Avec mon Bac et mon année de droit, pourquoi j’essayerai pas de devenir instituteur ? »

C’est l’histoire d’un mec, Gérard Barbier, qui claque la porte de sa boutique de fringues le jour où son patron gifle un gosse surpris à chaparder. Il a son bac, aime les enfants mais que faire ? L’idée jaillit telle une révélation : il pourrait être instit’ ! Avec pour seule directive d’apprendre sur le tas, le voilà envoyé pour un remplacement en région parisienne…

« Ce sont des animaux sauvages. On ne peut pas les laisser sans surveillance. Si vous devez aller pisser, faites leur faire le Musée Grévin, ils ne comprennent que ça ! »

Avec « Le maitre d’école » (1982), Claire Berri clôt un cycle entamé dans les années 70 et consacré aux comédies de mœurs (« Sex-shop », « Un moment d’égarement », « Le mâle du siècle »), par lequel il s’est amusé à observer et à croquer les évolutions de la société française (libération sexuelle, émancipation des femmes, avènement de la société de loisirs et de consommation...). Ainsi en adaptant le roman « Journal d’un éducastreur » de Jules Celma (qui sera également coscénariste du film), il signe une chronique humoristique et joyeuse sur le monde des enseignants et de l’Éducation Nationale, montrant combien « le plus beau métier du monde » est souvent aussi le plus compliqué et l’un des plus difficiles. On y suit ainsi les aléas quotidiens d’un jeune enseignant novice un peu débordé par les évènements et qui peine souvent à faire autorité sur sa classe.

« La seule chose que tu peux faire pour les mômes, c’est de les aimer »

Si on s’amuse beaucoup de ses mésaventures, c’est que le personnage du héros est ici éminemment positif et sympathique, sa maladresse n’ayant d’égal que sa bonne volonté et son envie de bien faire. Ce dernier est par ailleurs entouré de personnages délicieusement caricaturaux (la prof dépressive et nymphomane, le prof syndicaliste), qui ajoutent du piment à l’ensemble. Le scénario quant à lui, réserve son lot de situations cocasses, faisant fi de toute règlementation (recrutement sans examen, enseignant mis devant les élèves sans formation ni suivi, sortie scolaire sans où l’enseignant est le seul adulte pour garder plusieurs dizaines d’enfants...), permettant déjà, au passage, de dénoncer les manques de moyens récurrents. Mais surtout, au travers de la tendresse de son regard, Claude Berri rend bien compte d’une époque où l’insouciance de la fin des Trente glorieuses est encore de mise et où la France danse tranquillement « Le Sampa » de Gotainer avant de se réveiller avec la gueule de bois en pleine crise économique, chômage de masse et autre pandémie du SIDA. Sans doute aussi l’un des derniers films français éminemment positif sur le monde de l’école. Il s’agit aussi de l’avant-dernière collaboration entre Berri et Coluche, deux ans avant que le réalisateur n’offre à l’humoriste son rôle le plus emblématique dans « Tchao Pantin ».