23 Oct

Un singe en hiver

Publié par Platinoch - Catégories : #comedies dramatiques

Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Un singe en hiver » d’Henri Verneuil.

« Si je buvais moins, je serais un autre homme. Mais je n’y tiens pas ! »

Alcoolique notoire, l’hôtelier Albert Quentin fait la promesse à son épouse, lors d’un bombardement à la fin de l’Occupation, d’arrêter définitivement de boire s’ils s’en sortent.

Bien des années d’abstinence plus tard, il voit débarquer dans son hôtel Albert Fouquet, lui aussi adepte des nuits d’ivresse…

« Ce qui m’intéresse, c’est les voyages. Et les moyens de voyager. »

En ce début des années 60, le cinéaste Henri Verneuil a déjà une jolie carrière derrière lui. Présent depuis une bonne décennie sur les écrans français, il est essentiellement connu du public pour avoir signé des comédies à succès avec Fernandel, telles « Le mouton à cinq pattes » ou « La vache et le prisonnier ». Mais le réalisateur est alors à la croisée des chemins. S’il s’est déjà essayé par le passé et de façon ponctuelle au mélodrame (« Des gens sans importance », « Les amants du Tage »), il amorce alors un virage radicale dans sa carrière en délaissant de façon quasi définitive la comédie pour se consacrer à des sujets plus graves et plus énergiques. Il met ainsi un terme à sa longue collaboration avec Fernandel à qui il préfère désormais la compagnie des Gabin, Belmondo et autre Ventura, qu’il dirigera dans une série de films d’aventures virils (« Cent mille dollars au soleil », « Week-end à Zuydcoote », « Le clan des siciliens »). En 1961, quelques mois seulement après avoir signé avec « Le président » une audacieuse politique fiction à la tonalité très désabusée, il signe une comédie dramatique poignante avec « Un singe en hiver », d’après le roman éponyme d’Antoine Blondin. Un film qui marque la rencontre – jusqu’alors inédite – sur grand écran de deux monstres sacrés : Jean Gabin et Jean-Paul Belmondo.

« Dis-toi bien que si quelque chose devait me manquer, ce ne serait plus le vin, ce serait l'ivresse ! »

En Chine, une vieille légende prétend que l'hiver, quand ils se sentent vulnérables, les singes trouvent refuge dans les habitations humaines et que ces derniers les remettent dans un train pour la forêt une fois le printemps revenu. Un moyen de pouvoir survivre malgré leur inadaptation chronique aux aléas du climat et des saisons. Une question qui se retrouve d'ailleurs au centre du film de Verneuil qui narre la rencontre entre deux personnages d'inadaptés, abîmés par les aléas de la vie. L'un, vieil aubergiste normand au crépuscule de sa vie, n'a eu de cesse de regretter sa jeunesse et la vie d'aventures qui était la sienne dans la marine. Le second, éploré d'avoir été quitté par la femme qu'il aime, doit désormais appréhender, seul, un rôle de père qu'il n'avait jamais vraiment envisagé. Leur rencontre, improbable, donnera lieu à l'une des soulographies les plus mémorables du cinéma. Comme un moyen ultime de conjurer le sort et de faire la paix avec ce qu'ils voulaient être et n'auront finalement pas été. Derrière son aspect comique, le film se révèle pourtant d'une profonde et belle sensibilité. Une ode à tous les nostalgiques et aux perdants magnifiques. Avec eux, on a envie de porter un toast aux regrets éternels. Magnifique et intemporel.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition et proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants et anglais sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné de « Un hiver si précoce » : Documentaire inédit de Roland-Jean Charna avec les interventions de Patrick Glâtre, auteur de Jean Gabin : La Traversée d’’un siècle, Philippe Lohier, auteur de l’ouvrage Les Tribulations matamoresques d’un singe à Tigreville et Alain Cresciucci, essayiste et biographe d’Antoine Blondin (43 min.). Une bande-annonce complète cette édition.

Édité par Gaumont, « Un singe en hiver » est disponible en blu-ray ainsi qu’en DVD depuis le 3 juin 2020.

Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.