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09 Jul

La femme et le pantin

Publié par Platinoch  - Catégories :  #comedies dramatiques

Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La femme et le pantin » de Julien Duvivier.

 

La_femme_et_le_pantin

« C’est pour avoir le droit de me la retirer que vous m’avez offert cette robe ? »

 

Eva est la fille de Stanislas Marchand, naguère célèbre écrivain germanophile, collabo français réfugié en Espagne. Lors de la traditionnelle feria de Séville où elle danse le fandango, la demoiselle est remarquée par Matteo Diaz, un riche et fier marchand de taureaux auquel aucune femme ne résiste. Le don Juan fait des avances à Eva qui, fine mouche, le repousse. Titillé dans son amour propre, il va tout mettre en œuvre pour conquérir le cœur de la Belle.

 

« On dit que les femmes sont le sel de la vie. C’est pour ça que les hommes boivent ! »

 

La_femme_et_le_pantin_Antonio_Vilar

En cette fin des années 50, Julien Duvivier amorce tranquillement la fin de sa carrière. S’il reste ainsi un grand nom du cinéma français, il n’a cependant plus tout à fait l’aura qui était la sienne au cours des années 30, lorsque sa carrière était à son zénith. Cinéaste au tempérament de feu, il reste ainsi célèbre pour sa collaboration avec Jean Gabin, qu’il a contribué a érigé en vedette, et pour ses films très ancrés dans une certaine réalité sociale qui en font de formidables témoins de leur époque : le Front populaire et l’illusion du triomphe de la solidarité et du prolétariat (« La belle équipe », 1936), l’écroulement d’un ordre ancien à l’approche de la Seconde guerre mondiale (« La fin du jour », 1939), la paranoïa d’une société qui se compromet dans la dénonciation, la calomnie et l’ostracisme (« Panique »), ou encore l’épuration et la chasse aux traitres qui émailleront les années d’après-guerre (« Marie-Octobre »). Mais de retour après son passage contraint à Hollywood, où il s’exile pour ne pas avoir à travailler pour l’occupant nazi, il ne parviendra jamais réellement à regagner la place qui était la sienne avant-guerre. Ainsi, même s’il signera encore quelques gros succès commerciaux (« Le petit monde de Don Camillo » en 1952 et sa suite en 1953), ses films plus personnels (et souvent plus graves), comme « Sous le ciel de Paris », « La fête à Henriette » ou encore « Voici le temps des assassins », ne connaitront pas véritablement le succès escompté.

 

« Vous voulez être mon amant ? Vous vous contentez de peu ! »

 

La_femme_et_le_Pantin_Brigitte_Bardot

Quelle surprise donc de le retrouver en 1959 aux commandes de « La femme et le pantin », adaptation du roman éponyme de Pierre Louÿs déjà maintes fois porté à l’écran (par Jacques de Baroncelli ou encore Joseph Von Sternberg avec Marlene Dietrich dans le rôle principal). Et ce d’autant plus que le sujet semble assez éloigné de l’œuvre du cinéaste. Sulfureuse en son temps, l’histoire de ce vieux notable sévillan, matamore et libidineux, qui se fait mener par le bout « du nez » (pour ne pas dire pire) par une jeune danseuse faussement ingénue semble en effet déjà désuète à la veille des années 60 et de ses mouvements de libération des mœurs. Y compris dans sa dénonciation d'une certaine forme de phallocratie. Dès lors, plus que son intrigue, le film vaut surtout pour son exotisme exacerbé (pour ne pas dire fantasmé) et ces images ensoleillées de la belle Séville. Et bien évidemment pour la beauté incendiaire de la jeune et pétillante icône Brigitte Bardot dont la beauté isolante irradie le film. Et ce d’autant plus qu’elle fait face à Antonio Vilar, acteur portugais un brin falot. Finalement, la vraie note « scandaleuse » du film réside peut-être dans l’introduction par Duvivier d’une dimension « politique » avec ce personnage – alors inédit ou presque dans le paysage cinématographique français – du père de l’héroïne, ancien collaborateur notoire qui a fui en Espagne pour échapper à l’épuration et profiter de la protection du Régime franquiste. De quoi proposer, de façon inattendue, un étrange contrepoint à son film « Marie-Octobre » tourné la même année. Tout au plus distrayant, « La femme et le pantin » reste un Duvivier pour le coup assez mineur. Et qui sera supplanté par la version (plus sulfureuse) de Luis Bunuel (« Cet obscur objet du désir », 1977).

 

La_femme_et_le_pantin_Julien_Duvivier

 

**

Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée 4K (2020) à partir d’un interpositif de 1ère génération, par L’Immagine Ritrovata sous la supervision de La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé et proposé en version originale française (2.0) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants et anglais sont également disponibles.

 

Côté bonus, le film est accompagné de « Apologie de la verticalité » : entretiens avec Philippe Roger et Charles Ficat (46 min.), des actualité Pathé d’époque : On tourne La Femme et le Pantin - 1958 et d’une Bande-annonce d’époque restaurée.

 

Édité par Pathé, « La femme et le pantin » est édité en combo collector blu-ray + DVD depuis le 16 juin 2021.

 

Le site Internet de Pathé est ici. Sa page Facebook est ici.

 

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Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!