Un homme à genoux
Un grand merci à Artus Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Un homme à genoux » de Damiano Damiani.
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« Si je parle aux flics, ils me mettront au trou. Et il n’y a pas d’endroit plus sûr pour tuer quelqu’un ! »
Sorti de prison, Nino, un petit truand sans envergure, a décidé de se ranger. Mais quand il se rend compte que, dans son quartier, rôde un tueur à gages, il est convaincu d’en être la cible. Il va devoir renouer avec son passé criminel pour faire face à ce danger.
« Ils ont fait de moi une merde : ils ordonnent et j’obéis »
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Grande figure du cinéma italien, Damiano Damiani voit sa carrière s’étendre sur plus de cinq décennies. Formé à l’Académie des beaux-arts de Milan, il débute dans le cinéma comme décorateur puis comme documentariste, avant de s’imposer comme scénariste à la fin des années 1950. Passant dès lors derrière la caméra, il s’illustre d’abord dans des œuvres intimistes, adaptant notamment Moravia (« L’ennui et sa diversion, l’érotisme », 1963), avant de se tourner vers des genres populaires qui lui permettent d’exprimer une fibre plus politique, comme ce sera le cas avec le western « El Chuncho » (1967) à la tonalité joyeusement anarchiste. Mais c’est surtoutdans le registre du polar et du film de mafia qu’il trouvera matière à dénoncer les injustices sociales et les collusions entre pouvoirs politique et économique et crime organisé. A l’image de ses nombreux chefs d’œuvre que sont « La mafia fait la loi » (1968), « Confession d’un commissaire de police au procureur de la république » (1971), « Nous sommes tous en liberté provisoire » (1971) ou encore « Comment tuer un juge ? » (1974).
« C’est quoi deux millions pour sauver sa peau ? »
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Tourné en 1979, « Un homme à genoux » s’inscrit pleinement dans la lignée des films que le cinéaste consacre à l’impunité de la mafia et à son emprise tentaculaire sur la société italienne. Mais cette fois-ci, Damiani délaisse quelque peu son schéma habituel du « film-dossier », ne s’intéressant pas tant à la collusion entre les élites de la société civile et la mafia qu’à ses ramifications au sein même de la société et de ses strates les plus populaires. Le film se focalise ainsi sur Nino, ancien petit délinquant qui travaillait autrefois pour l’organisation et qui, après un séjour de prison, tente de se réinsérer dans la société après s’être rangé des voitures. Mais alors qu’il tente de faire vivre sa famille en achetant un modeste kiosque à boissons, il devient la cible de la mafia qui le croit impliqué (à tort) dans l’assassinat de l’un de ses collaborateurs. Ce qui sera le point de départ d’un thriller haletant et oppressant, dans lequel la mafia semble être partout, potentiellement cachée derrière chaque passant, et pouvant à tout moment menacer n’importe quel individu susceptible de lui faire du tort. Ce qui permet à Damiani de montrer ainsi l’ampleur de l’emprise mafieuse qui gangrène toutes les couches de la société. Traqué par un tueur à gages à l’apparence aussi ordinaire que la sienne, spolié de son kiosque et menacé jusque chez lui, le héros comprendra à ses dépens qu’on ne quitte jamais vraiment l’organisation. Sinon les pieds devant. Symbole de tout un peuple, ce dernier n’aura que sa résilience à opposer à la mafia. Mais toute hypothétique rédemption ne sera possible qu’au prix d’une forme de compromission avilissante. A l’image de cette ultime séquence, aussi ironique que mélancolique, dans laquelle le tueur à gages refuse la main tendue (et donc la liberté) offerte par Nino. Au-delà de la qualité de son thriller éminemment nerveux, Damiano Damiano signe là un film à la fois très juste, fataliste et désabusé sur la mafia et son emprise sur la société sicilienne, mais aussi sur l’impossibilité pour l’homme de la rue de pouvoir y résister, sauf à risquer sa vie. Porté par un casting très solide (Guliano Gemma, Michele Placido, Eleonora Giorgi), « Un homme à genoux » fait immanquablement partie des films les plus aboutis et les plus marquants du cinéaste.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master 4K restauré et en version intégrale. Il est proposé en version originale italienne (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Ennemis rapprochés » : Présentation du film par Curd Ridel (2024, 27 min.), d’un Diaporama d’affiches et photos (1 min.) ainsi que d’une Bande-annonce originale.
Édité par Artus Films, « Un homme à genoux » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 1er octobre 2024.
Le site Internet d’Artus Films est ici. Sa page Facebook est ici.
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