Nos 18 ans
« La dernière seconde du dernier jour de quinze ans de scolarité : tas quune envie, rendre ce moment historique encore plus historique ! »
A quelques jours du bac, un lycéen décide de régler ses comptes avec le professeur le plus vache du lycée. Pas de chance, celui-ci est membre du jury aux oraux ! Pire, il est le père de la jeune inconnue dont notre héros est tombé amoureux au détour d'une soirée...
« - Le bac aujourdhui ça veut plus rien dire. Si je lai, je sais même pas ce que jen ferai !
- Obtiens-le déjà, ce sera déjà ça de pris ! »
Réalisateur venu de la télé, Frédéric Berthe revient au cinéma et signe avec ce « Nos 18 ans » son deuxième long, après le raté et indigeste « Alive » (2004). Deux films qui ont en commun de traiter de la jeunesse, de ses tourments, de ses incertitudes et de ses désirs. Reste quà notre plus grande surprise, ce « Nos 18 ans » est le remake dun film italien, « Le jour de lexamen » (Fausto Brizzi 2006), véritable carton en Italie (le film a été nommé à pas moins de 11 Davide de Donatello) resté inédit chez nous, malgré ses projections très remarquées dans de nombreux festivals de lhexagone.
« Toi ? Tu veux faire des études ? Des études de quoi ? Tes con comme une bille ! »
Avec sa bande-annonce franchement rasoir, son synopsis pas bien novateur, et sa galerie de personnages plus cons que méchants, ce « Nos 18 ans » sentait le divertissement bien lisse et ringard, dégoulinant de bons sentiments à plein nez, le genre de divertissement gentillet quil valait peut-être mieux fuir ou laisser à nos grands-parents pour les soirs de pluie. Et ce dautant plus que les remakes de films italiens débouchent très souvent sur des crottes (on pense notamment au ratage total de « Last kiss », qui sinspirait du génial « Juste un baiser »). Il faut dire que la chronique lycéenne savère toujours un exercice casse-gueule dans lequel il est difficile de sortir des sentiers battus (premières amours, premiers coups de gueule, relation difficile avec lautorité parentale et institutionnelle). Et comme pour confirmer nos craintes et nous donner raisons, le film souvrait de la manière la plus catastrophique qui soit, avec une scène sans saveur et totalement ratée où le jeune héros insulte son prof. Totalement bateau. Une impression confirmée un bon quart dheure plus tard, lorsque le réalisateur réussit à enchainer les scènes nunuches et déjà-vus (la grosse soirée), les personnages caricaturaux (le premier de la classe), et les références au cinéma ringard à papa (« La boum », « Les sous-doués », « Les recalés du dernier rang »). Le film pouvait tranquillement se diriger vers la catastrophe annoncée
Cétait sans compter sur une certaine lucidité du réalisateur Frédéric Berthe, capable de voir honnêtement les défauts de son film et de changer son fusil dépaule en cours de route. Car dès lors, contre toute attente, au fur et à mesure que lhistoire allait se décanter, il fallait bien reconnaître que le réalisateur réussissait à insuffler quelques bouffées de fraicheur salvatrices à lensemble. Ainsi, à défaut doriginalité ou de créativité, le réalisateur parvient néanmoins à faire fonctionner quelques scènes comiques (le beau gosse de la bande qui se tape la sur de sa copine), et quelques passages plus touchants (le prof qui avoue ne pas se remettre du départ de sa femme). Mieux, Berthe nous surprend lors dun clin dil flagrant aux mythiques « Bronzés », rejouant la scène où Blanc/JC Dusse se fait arracher son maillot sur la plage. Une amélioration substantielle qui ne saurait cependant occulter totalement les nombreux défauts du film, quil sagisse de scènes trop clichées (la bande de copains venu soutenir Maxime sous la pluie demandant le pardon de sa copine), inutiles (le départ de la copine pour lAllemagne), ou les personnages pas assez fouillés (la grand-mère).
« A quoi ça sert quon se fasse chier à passer le bac ? Quon lai ou quon lai pas, dans 20 ans on sera grosse avec trois gamins débiles et on sera cocue jusquà los »
Du coup, on en vient à regretter que le réalisateur nai pas su donner plus denvergure à son film, dont le visuel franchement laid ne dépasse pas la qualité dun téléfilm. On pourra toujours se consoler avec la bande musicale très eighties, avec entre autres réjouissances The Cure ou la Mano Negra. Mais plus que tout, la réussite est clairement à mettre au mérite des comédiens. On retrouve ainsi avec beaucoup de joie un Michel Blanc trop rare, qui se montre toujours aussi impeccable dans son interprétation, aussi à laise dans le registre comique que dans celui de lémotion. Mais le vent de fraicheur du film vient surtout de ses jeunes comédiens. Sils apparaissent souvent comme étant trop vieux pour jouer des lycéens, on retiendra cependant la belle performance du prometteur Arthur Dupont, qui crève lécran dans son rôle de beau gosse con la lune, ainsi que celle du héros Théo Frillet. Alors bien sûr au final, « Nos 18 ans » négalera pas la joyeuse révolte du « Péril jeune » ni la belle et aérienne authenticité de « A nous les petites anglaises ». Mais contre toute attente, Frédéric Berthe parvient à nous livrer une chronique adolescente plutôt rigolote, aussi maladroite que fraiche, faisant de ce « Nos 18 ans » un film plutôt fréquentable. Cest déjà pas si mal.
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