Coco
« Tu essayes de me faire plonger en ligue 2 alors que ma vie est une finale »
Coco, 40 ans, self made man, est l'exemple parfait de la réussite sociale. Parti de rien, immigré, il a réalisé en 15 ans une des plus fulgurantes success story des temps modernes grâce à son invention de l'eau frétillante. Mais pour Coco, la plus grande consécration est à venir : la bar-mitsva de son fils Samuel qui aura lieu dans six mois. Il invite tout le monde à "l'évènement national de l'année" et promet du jamais vu, de l'époustouflant, du Coco ! Trop obsédé par la perspective d'en mettre plein la vue au monde entier pour "sa" fête, Coco agit avec démesure et frôle la folie sans voir que sa femme, son fils, sa mère et tous ses proches se désolidarisent peu à peu. Cet évènement va devenir pour lui un instant de vérité sur son rôle de père.
« Je veux que les gens disent « cest un fou Coco, son fils, il vole » »
Six ans après le carton inattendu de « Chouchou » (presque 4 millions dentrées), comédie centrée sur un de ses personnages de scène, Gad Elmaleh récidive en transposant sur grand écran les aventures dun autre personnage phare de ses spectacles : « Coco », le milliardaire bling-bling, fantasque et mégalo. Loccasion pour le comédien qui peine à simposer au cinéma (comme le prouvent lalternance de succès comme « La vérité si je mens 2 », « Chouchou » ou « La doublure » et de bides comme « Olé ! » ou encore « Comme ton père ») de se rassurer et de tester sa cote damour auprès du public. A noter quen plus de cumuler les casquettes de scénariste et de comédien, il assure également pour la première fois de sa carrière la réalisation du film.
« - Tas de loseille, mais tas pas de cur. Peut-être, mais le mien il marche »
Un mois après le médiocre « Cyprien » dElie Semoun, cest au tour de Gad Elmaleh de débarquer dans les salles avec une transposition sur grand écran des aventures de lun de ses personnages fétiches de scène. Mégalo, fantasque et démesuré, « Coco » promettait de nous « éclater ». Cétait sans compter sur le mauvais goût prodigieux de lensemble. Un mauvais goût tout dabord dordre formel avec cette image constamment flashy et tape à lil, et cet humour « communautaire » qui était déjà agaçant dans « La vérité si je mens ». Un mauvais goût que lon retrouve aussi (et surtout) dans le fond du film. Car dans le fond, il y a quelque chose de moralement immonde et de profondément choquant dans les tribulations démesurées de ce milliardaire, dans cette espèce dapologie du capitalisme dans ce quil a de plus sale et de plus brutal, dans cet étalage de richesses dépensées en futilité, à lheure où le monde est frappé de plein fouet par une des pires crises économiques qui soit, avec son lot de plans sociaux, de souffrance, et sa crise morale due à des patrons voyous qui continuent à se sucrer sur le dos des autres. Le plus troublant ici, cest quau lieu de la satyre sociale espérée (et logique), dénonçant en vrac la jet set et le people (ce bon vieux « tout luit tout brille mais rien ne brule » que chantait Miossec), Gad Elmaleh nous fait au contraire un insidieux éloge du bling bling, du paraitre et de la futilité, brocardant la culture au profit de largent (la scène de la nature morte), cherchant coûte que coûte à rendre sympathique ce personnage grotesque, égoïste et mégalo, qui nest pas sans rappeler un certain personnage omniprésent dans les médias... A tel point même qu'on se demanderait presque si le film ne serait pas un fallacieux objet de propagande pro-Medef. C'est dire. Forcément, derrière, lhumour tombe à plat, les gags insipides et autres quiproquos ne permettent jamais de desserrer un temps soit peu les dents, et on sort du film plus scandalisé quautre chose. Une chose est sûre, Gad réalise là un film « de Jean-Jacques » qui naura jamais réussi « à nous éclater ». Un désastre duquel on ressort avec la vague impression tout de même davoir été pris pour des cons
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