Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
25 Sep

La vie d'artiste

Publié par platinoch  - Catégories :  #Comédies

« Ton créneau ça n’intéresse personne »

 

Haut et CourtParis. Trois personnages rêvent de gloire et de reconnaissance artisitiques et se retrouvent confrontés aux affres de la vie d’artiste. Alice, la quarantaine, est comédienne. Elle gagne très bien sa vie grâce à ses activités de doublage d’un dessin animé japonais très regardé. Pourtant, elle rêve toujours de grands rôles et de gloire. Bertrand, quant à lui, est professeur de français dans un lycée. Son premier roman vient d’être publié, et il en espère la consécration. Il planche déjà sur son deuxième roman, qui déçoit ses proches qui ont le droit de le lire, et qu’il n’arrive pas à terminer. Jusqu’à ce qu’un de ses élèves lui confie un manuscrit qu’il a écrit pour avis. Devant le texte remarquable qu’il a entre les mains, la tentation de se l’approprier est grande. Enfin, Cora rêve de devenir chanteuse. Admiratrice des vieux chanteurs à textes, elle peine à percer dans un monde où la mode fait la loi. Tantôt animatrice de karaoké, tantôt serveuse, elle vivote jusqu’au jour où elle rencontre une ancienne gloire de la chanson prête à travailler avec elle.

 

« Ton roman, on sait qu’il va finir dans le bac à soldes de chez Gibert »

 

Jean-Noël Brouté et Sandrine Kiberlain. Haut et CourtPour son premier long après plusieurs courts remarqués, Marc Fitoussi avait choisi rien de moins qu’une réflexion sur l’univers artistique, de la légitimité à exister en temps qu’artiste par son talent, à la dure réalité du succès, qui repose souvent sur des choses et des évènements irrationnels. Sujet délicat donc, d’autant qu’il a été largement défriché sur grand écran, avec des films tels que « Comme une image » (Jaoui – 2004), « Mensonges et trahisons » (Tirard – 2004), « Mes meilleurs copains » (Poiré – 1989), « Imposture » (Bouchitey – 2005), ou encore « Les amitiés maléfiques » (Bourdieu – 2006), pour ne citer que ceux-là. D’autant plus également que Fitoussi avait pris le parti de proposer cette variation par le biais d’un scénario mettant en scène trois personnages réunis par les mêmes envies de gloire et la même envie de forcer le destin, mais qui ne se croisent jamais. Mais voilà. Marc Fitoussi est novice en ce qui concerne l’exercice du long métrage. Et on retrouve dans son film un défaut inhérent à la plupart des premiers films, à savoir une volonté louable de contrôle du film qui l’empêche en permanence de décoller. D’un scénario trop écrit et trop linéaire sur lequel il n’a pris aucune liberté, Fitoussi n’a pas non plus chercher l’innovation, se bornant à illustrer ses interrogations par des scènes de quiproquos franchement prévisibles et rabâchés. Que ce soit Alice qui paie un passant qui s’avèrera être le réalisateur pour qui elle doit faire un essai, ou Bertrand qui fera une séance de dédicaces avec un public absent avant de s’approprier le mémoire de son élève, on ne pourra que reprocher à Fitoussi le manque d’originalité de ses situations tragi-comiques qui sentent trop le déjà-vu. Un comble pour un film qui traite de la création. D’autant que le tout se suit assez laborieusement, la faute à des problèmes de rythme, accentués par la succession de ces tranches de vies découpées de manière trop linéaire et rarement pertinente.

 

« En trente ans de métier, j’en ai tiré la conclusion qu’il y a deux sortes d’acteurs : ceux qui ont de la chance et ceux qui n’en ont pas »

 

Emilie Dequenne. Haut et CourtCe manque d’audace et d’originalité se ressent également dans la mise en scène. En effet, jamais Fitoussi n’imprime réellement sa patte visuelle à ce film. Avec des mouvements de caméras là encore sans originalité particulière et son visuel quelconque, « La vie d’artiste » ressemble davantage à un téléfilm qu’à un vrai film de cinéma. La direction d’acteur en revanche est plutôt correcte, dommage que le niveau de l’interprétation ne soit jamais réellement au niveau de ce qu’on pouvait en attendre. Car pour un premier film, qui plus est choral, Fitoussi pouvait s’enorgueillir d’une distribution prestigieuse avec entre autres Sandrine Kimberlain, Emilie Dequenne, Dennis Podalydès, Valérie Benguigui, Aure Atika, ou encore Jean-Pierre Kalfon. Bref, de quoi attiser les curiosités. Mais de manière générale, les acteurs sont en-dessous de ce qu’ils donnent d’habitude. Ainsi, Denis Podalydès semble totalement à côté de la plaque dans un rôle certes mal écrit de prof frustré. Emilie Dequenne est elle aussi franchement en-dessous de ses possibilités. Ceci dit, les personnages sont tellement caricaturaux (les artistes sont égoïstes et imbus d’eux-mêmes) qu’il était sûrement difficile de faire beaucoup mieux. Seule Sandrine Kimberlain, dans son rôle d’actrice de doublage, s’en sort honorablement, arrivant à nous arracher quelques sourires lors de ses échanges quelque peu vachards avec sa sœur.

 

« - Je pense qu’il est encore un peu tôt 

   - Je pense surtout que je n’intéresse personne »

 

Denis Podalydès. Haut et CourtVariation sur la création artistique et le désir de reconnaissance, « La vie d’artiste » est l’exemple même du film ambitieux qui se plante par manque de créativité et d’audace. Scénario convenu, situations éventées, et rebondissements téléphonés, rien ne marche jamais vraiment dans ce film. Dommage, car il s’en dégageait un parfum de satyre du monde artistique qui pouvait être intéressant (star-system qui glorifie des gens qui n’ont pas forcément de talent, hasard des rencontres, ringardisation des artistes anciens et talentueux). Mais le tout sombre trop dans la grosse caricature pour que le message passe vraiment. D’autant que la mise en scène manque cruellement de singularité et d’originalité, et que le casting n’est pas à la hauteur de l’attente qu’il pouvait susciter. Résultat très décevant, donc, pour ce premier film qui s’avère plan-plan et sans saveur. Espérons pour lui que Fitoussi relèvera la barre pour sa deuxième réalisation.



Commenter cet article
B
j'oserais dire "patéhtique" ! Une belle brochette d'acteurs pour un scénario qui eut été attrayant et au final un ratahe complet. Dommage !
Répondre

Archives

À propos

Le site sans prétention d'un cinéphile atteint de cinéphagie, qui rend compte autant que possible des films qu'il a vu!