La dernière légion
« En deux ans, nous avons eu cinq empereurs et tous ont été assassinés. Quadviendra-t-il de moi ? »
Rome, 476 après J-C. Lempire Romain, menacé par les armées barbares, sapprête à connaître sa chute définitive. Cest dans ce contexte que Romulus Auguste est sacré Empereur alors quil nest encore quun enfant. Chargé de sa protection, Aurélius, Commandant de la Quatrième légion, va faillir à sa tâche et le jeune empereur va être enlevé par les goths. Aurélius va mener une mission délite avec le peu dhommes quil lui reste pour libérer le jeune empereur, captif avec son précepteur Ambrosinius sur lîle forteresse de Capri. Cest sur cette île que le jeune Romulus va trouver lépée de César, qui, selon la prophétie, doit laider à asseoir son pouvoir en éliminant les envahisseurs. Mais une fois libre, lempereur et sa petite escorte nont plus dendroits où trouver refuge : lEmpire est aux mains des barbares qui veulent sa tête, et sest allié avec lEmpire Romain dOrient. Cest alors quils décident de partir tous ensemble à la recherche de la Neuvième légion, stationnée en Bretagne, aux marges de lex-Empire, dernière armée fidèle à Rome et à son Empereur
« On prend une ville en faisant couler son sang. On la gouverne avec discernement »
Après près de trente ans de disgrâce, le genre du péplum semble connaître un renouveau depuis une petite décennie et le génial « Gladiator » (Scott 1999). Renouveau qui se traduit par des films aussi divers que le bon « Titus » (Taymor 1999), limpressionnant « Troie » (Petersen 2004), les ratés « Alexandre » (Stone 2003) et « Le Roi Arthur » (Fuqua 2003), mais aussi par des films moins sérieux comme le néanmoins visuellement magnifique « 300 » (Snyder 2006), lénigmatique « Vercingétorix » (Dorfmann 2001), ou même par la série des comédies « Astérix ». Dans la plupart des cas, du moins pour les productions américaines, nous avons été habitués ces dernières années à des moyens pharaoniques et des gros effets spéciaux pour des rendus visuels des plus spectaculaires. « La dernière légion » était donc très attendu, même si pour un film de cette envergure, on ne pouvait être quinquiet face à la parcimonie avec laquelle la promotion était assurée. A la réalisation de ce film, on retrouve Doug Lefler, réalisateur précédemment dune poignée de longs qui nauront pas franchement marqué les esprits. On retiendra de sa carrière de réalisateur essentiellement les nombreux épisodes quil a réalisé pour des séries comme « Hercules » ou « Xéna la guerrière », dont les thèmes sont étonnement proches de celui de ce film.
« - Tu ne devais pas mourir maintenant. Tel était ton destin.
- Je sais bien que je nai pas de destin »
Pourtant, à aucun moment cette « Dernière légion » natteint ses promesses. La faute tout dabord à un scénario écrit probablement sous leffet de substances nocives et/ou illicites. Ainsi, le coup du dernier Empereur de Rome qui fuit en Bretagne où il devient le père du légendaire Arthur vaut son pesant de cacahuètes. Tout comme la légende de lépée de César, forgée en Bretagne, et qui sera la future Excalibur. Beaucoup de raccourcis pour un postulat terriblement gonflé et franchement pas crédible pour un sou. Dautant que lhistoire ne passionne jamais vraiment, la faute incombant à des gros problèmes de rythme et à des rebondissements grotesques (la scène où Augustus libère ses derniers hommes prisonniers des barbares, celles où le vieux Ambrosinius futur Merlin lenchanteur se défend avec sa canne comme un chevalier jedi). Mais pire que tout, il ny a aucun souffle épique dans cette histoire. Les personnages sont archi caricaturaux et nont pas la moindre profondeur psychologique nécessaire pour quon les admire ou quon sy attache, tout comme leur quête qui ne savère jamais ni captivante ni émouvante. Ainsi, la Confrérie de lépée se révèle limitée au seul Merlin et le scénario fait finalement limpasse sur sa rivalité avec le méchant conquérant des royaumes bretons, pendant que lépée de César sert vite fait à couper un lit en deux et à trancher une lame dépée. Passionnant et impressionnant je vous dis ! Lhistoire est tellement plan plan que Lefler se sent obligé de piquer quelques petits éléments dans les grands succès du genre. Ainsi, la scène de la traversée des Alpes est clairement pompée sur la « Communauté de lanneau » (Jackson 2001), alors que la bataille finale et les méchants barbares semblent sortir tout droit du « Roi Arthur ». Sans compter le méchant Vortgyn, qui domine la Bretagne, et dont le masque de fer nest pas sans rappeler le personnage historique qui aura tant fait marcher limagination des auteurs.
« Nous sommes les gardiens de lépée. Nous maintenons la flamme en vie. Ce quil adviendra ensuite, ce nest pas à nous de le savoir »
Si le film est très critiquable sur le fond, il lest tout autant sur la forme. Dabord par le fait que le réalisateur soit toujours le cul entre deux chaises, entre péplum et heroïc fantasy. Mais dans les deux cas, le manque flagrant de moyens pénalise les ambitions du metteur en scène. Ainsi, entre les reconstitutions de Rome et de son palais impérial faits de carton pâte et les scènes de batailles faites avec une cinquantaine de figurant, où il ny a ni sang sur les épées, et où les hommes comme les lances sont projetées à des kilomètres dune main, on est à des années lumières de « Gladiator » ou du « Seigneur des anneaux ». Dautant que ni la mise en scène ni la direction dacteurs ne dynamise le film. Et le casting est lautre point noir de ce film. Car à quoi bon pouvoir coucher autant de grands noms sur le papier si on ne sait pas les utiliser à bon escient ? Ainsi, on hallucine devant le manque de charisme total dun Colin firth quon avait connu plus inspiré. A ses côtés, la belle Aishwarya Rai, star absolue de Bollywood, ne pouvait pas rêver pire débuts pour sa carrière américaine. Non pas quelle joue mal (elle ne joue pas non plus génialement bien), mais elle est filmée avec les pieds, servant simplement de faire valoir sexy dans ce monde masculinisé à lextrême. Mais la palme du ridicule revient de très très loin au pourtant habituellement excellent Ben Kingsley. Affublé dune moumoute et dune fausse barbe ridicules, il incarne un Merlin digne des pires sketches des Inconnus. Pourquoi un immense acteur de sa trempe est-il allé se fourvoyer dans un projet aussi bas de gamme? Notons également que la bande musicale du film est également ridicule et très agaçante.
« Tu es César. Où que tu sois, garde cela en mémoire »
Manque de moyens, scénario aberrant, mise en scène damateurs et acteurs aux abonnés absents, cette « Dernière légion » possède tous les éléments pour être un des films les plus ridicules de lannée. Avec son visuel cheap et légèrement kitsch et ses scènes de batailles du pauvre, il ferait presque passer des navets du genre comme « Eragon » (Fangmeier 2006) ou « Donjons et dragons » (Solomon 2000) pour des chefs duvres. De toute évidence, on a pris les spectateurs pour des idiots, en leur annonçant un film flirtant entre le péplum et lheroïc fantasy, alors quil ne sagit ni plus ni moins dun épisode de « Xéna la guerrière » dune heure quarante diffusée sur grand écran. Peut être séduira-t-il les jeunes adolescents. Pathétique.
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