Medieval Pie: Territoires vierges
« Toutes les vierges ne sont pas des anges et tous les anges ne sont pas des vierges »
Au XIVème siècle, Florence est une ville de purs plaisirs, somptueuse et prospère ; une ville d'art et de culture ou les habitants profitent pleinement de la vie. Cependant, en 1346, tout change. La ville est dévastée par un fléau sans merci, "La Peste Noire". Lorenzo de Lamberti, un jeune homme innocent et aventurier, est la cible de Gerbino. Celui-ci fuit Florence, trouve refuge dans un couvent et devient jardinier. Pampinea Anastagi est la fille unique d'une famille riche et respectée, qui à cause de la Peste, se retrouve subitement seule. Gerbino de la Ratta, qui a des vues sur elle et sa fortune, menace de lui confisquer sa maison, sauf si Pampinea l'épouse. Elle s'oppose à sa proposition en lui avouant qu'elle a été promise à un Comte Russe qui est en route pour Florence.
« Peindre des culs dange toute la journée, cest plutôt sympa comme boulot. Jétais au Paradis »
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Il y a parfois des idées qui paraissent hallucinantes. Comme celle des producteurs Dino et Martha De Laurentiis, qui souhaitaient ardemment produire une version cinématographique modernisée et comique du célèbre « Decameron » de Boccace. Une version « Americanpisée » pourrait même-t-on dire en voyant le titre et laffiche du film. Une idée extravagante, sacrilège peut-être même pour certains, qui nétonnent finalement pas plus que ça de la part dun duo de producteurs qui ont enchainé les bouses depuis dix ans (ils sont coupables quand même de « La dernière légion » et de « Hannibal Lecter : Les origines du mal », rien que ça !!!). Face à « lampleur » de la tache, Steven Spielberg recommandait personnellement David Leland, obscur réalisateur anglais, auteur dune poignée de longs anecdotiques (il réalise là son cinquième film en 21 ans). Qui se souvient ainsi de son dernier film en date, « Trois anglaises en campagne », sorti il y a déjà dix ans ? Néanmoins, il pouvait se vanter davoir les prestigieux Hayden « Anakin » Christensen et Tim Roth au casting. De quoi attiser la curiosité. Restait à savoir ce quil resterait au final de luvre de Boccace après lavoir passé à la broyeuse de la comédie américaine. Le réalisateur se vantait davoir tourné le film en Italie. Cétait déjà ça
« Je suis sur le point de me marrier et vous me demander de faire 30 jours dabstinence pour expier mes péchés ? Cest bête. Et Méchant ! »
Ce serait mentir que de dire quon attendait véritablement quelque chose de ce « Medieval pie ». Mais au final, aussi consternant de bêtise soit-il, le film savère étonnement plutôt regardable. Exit cependant le côté poétique du livre (mais ai-je besoin de le préciser ici ?). A mi chemin entre les comédies libertaires des années 70s (genre « Hair »), les teen comédies (forcément on pense aux « American pie »), et aux séries américaines « siliconées » comme « Alerte à Malibu » ou « Agence Acapulco », le film nous propose un spectacle à lhumour très ras des pâquerettes et lourdingue qui arrache tout de même quelques sourires à condition de ne pas être difficile. Car il est clair que les gags, pas originaux pour un sou, ne volent pas bien haut (le méchant est affublé du doux nom de « Gerbino »), et se situent même souvent (tout le temps ?) au-dessous de la ceinture (les filles qui organisent un concours de verges, Anakin qui se fait passer pour sourd et muet pour profiter de la candeur des jeunes nones, ou encore la rencontre fortuite avec des paysannes qui initient nos deux héros puceaux dans une scène très suggestive de traite des vaches). Alors finalement, si le film évite la catastrophe, ce nest pas du à la réalisation plate et molle de Leland, mais bien à linterprétation de quelques comédiens qui relèvent le niveau grâce à leur recul et à leur second degré. Craig Parkinson en faux prêtre narrateur se révèle une bonne découverte, tandis que Christensen et surtout Tim Roth assurent. Mais cela nexplique pas pourquoi ils sont venus cachetonner dans un projet aussi peu ambitieux. Car si ce « Medieval Pie » est bien meilleur quun certain nombre de comédies récentes comme « Spartatouille » ou autre « Big movie », il nen est pas moins quune série Z assez cucul, qui bien que faisant sourire, reste quand même tout à fait anecdotique et oubliable.
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