Une semaine sur deux (et la moitié des vacances scolaires)
« Le divorce cest comme le mariage, il suffit de dire oui »
Léa, douze ans, aurait aimé vivre dans une autre famille... Une famille où l'on ne se sépare pas, où l'on n'a pas deux maisons... une famille où sa mère la comprendrait mieux, où son père aurait un peu plus les pieds sur Terre et où son petit frère écolo ne lui reprocherait pas son temps passé sous la douche sous prétexte qu'il n'y aura bientôt plus d'eau sur la planète...
Cette année-là, Léa entre en cinquième. Tandis que son père et sa mère tentent de reconstruire leur vie, elle va connaître son premier amour, celui qui bouscule les certitudes sur le monde, sur les parents, celui qui fait qu'on n'est plus jamais vraiment le même. Cette année-là, chacun va peu à peu retrouver son équilibre et s'ouvrir aux autres...
« On est une famille en deux parties mais on est une famille quand même »
Quon se le dise, la chronique adolescente semble de nouveau avoir le vent en poupe auprès de nos jeunes cinéastes. Quelle soit expérimentale (« Naissance des pieuvres »), quasi documentaire (« Et toi tes sur qui ? ») ou gentiment potache (« Les beaux gosses »), celle-ci aura été déclinée à toutes les sauces ces derniers mois. Réalisateur peu inspiré (on lui doit les insipides « Irène » et « On va saimer »), Yvan Calbérac sengouffre donc à son tour dans une brèche désormais largement balisée. Son idée dy introduire un soupçon de chronique sociologique (les familles divorcées) et daxer son récit sur la difficulté dune adolescente à trouver sa place à la fois dans le monde des grands et dans une structure familiale éclatée et décomposée paraissait plutôt pertinente. Dautant quil nhésitait pas à oser un regard assez moderne sur la société actuelle (avec une certaine image de la femme dominatrice, aussi bien professionnellement en gagnant plus que son ex mari que sentimentalement en étant incapable de dévoiler ses sentiments).
« Cest pas facile de prendre le risque douvrir son cur, surtout après une grande déception »
Pourtant, les bonnes intentions du réalisateur restent purement de façade. En dépit de quelques idées scénaristiques revendiquées, celui-ci nous livre avec une candeur déconcertante un film dune banalité affligeante. A linstar du mal qui touche la plupart des comédies françaises dites « familiales » produites ces dernières années, « Une semaine sur deux » pêche par facilité, se vautrant dans laccumulation de clichés grotesques (milieu bobo, ambiance « La boum » avec les premières fêtes et les premiers flirts, le père qui se tape une petite jeune) et dans la vacuité de dialogues très mal écrits. Avec en prime un côté « Plus belle la vie », avec cette façon de faire croire quon touche à des sujets importants (la difficulté de refaire sa vie ou de trouver sa place dans une famille recomposée) sans jamais même les effleurer, le tout servi par un scénario bien lisse et bien mièvre. Mais plus que tout, ce qui gène, cest la totale absence dambition formelle de Calbérac qui ne propose ici aucune idée de cinéma, se contentant de pomper allègrement ce quil a déjà vu ailleurs (le coup du type qui se promène avec sa pancarte « free hugs » en est le parfait exemple). Cest dailleurs limpression détestable qui ressort de ce film : le déjà-vu. Et en beaucoup mieux. On retrouve le même manque dimagination côté casting, le réalisateur se contentant de cantonner ses comédiens à leur rôle habituels : Campan hérite ainsi du père de famille largué et sautoparodie façon « Le cur des hommes », Mathilde Seigner revisite ses rôles de femmes revêches et blessées façon « Mariages ! » ou « Camping » et (cest désormais un grand classique du film populaire français) Grégori Dérangère nous rejoue le beau célibataire viril et ténébreux façon « Léquipier » ou « Le passager de lété ». Mal dirigés, avec des personnages mal écrits, ceux-ci finissent également par boire la tasse et ne parviennent jamais à sauver un film jamais drôle et prévisible, dont il ne restera définitivement rien à sauver. On appelle ça la bérézina.
Commenter cet article