Sunshine
« Chaque seconde dans lunivers, un soleil meurt »
Danny Boyle est probablement le cinéaste le plus emblématique de la génération du cinéma des années 90 en Grande-Bretagne. Avec des films comme « Petits meurtres entre amis » ou « Trainspotting », il a su redonner un vrai coup de jeune au cinéma britannique. Et mettre sur orbite la carrière dacteurs comme Ewan McGregor. Ses derniers projets depuis quelques années sont tous tournés vers lunivers de la Science-Fiction et de lanticipation. Sa précédente réalisation, « 28 jours plus tard », a dailleurs été salué par la plupart des critiques. Le voilà donc qui nous revient, deux ans plus tard, avec un nouveau film de science-fiction très attendu, « Sunshine », à la tête duquel on retrouve de nouveau Cillian Murphy, déjà à laffiche de « 28 jours plus tard » (et vu notamment dans « Le vent se lève » de Loach). Fort dune bonne campagne de médiatisation et de bonnes critiques, le spectacle sannonçait forcément
immanquable. Présentation.
« Si le Soleil meurt, nous mourrons aussi »
Lhistoire :
2057. Lespèce humaine est menacée dextinction car le soleil se meurt. ICARUS 2, mission spatiale menée par sept hommes et femmes, doit traverser la galaxie pour faire exploser un engin nucléaire dans le soleil afin de lempêcher de mourir et de relancer son activité thermique. La traversée est longue de plusieurs années et le vaisseau est équipée de telle sorte quil permet de manière biologique de répondre aux besoins de ses habitants. Mais à lapproche de Mercure, ICARUS 2 capte des signaux de détresse dICARUS 1, première mission de la sorte, qui a échoué et a été portée disparue sept ans auparavant. Suite à un problème technique dû à une erreur de pilotage, léquipage, pourtant divisé sur la question, décide daller en repérage sur lépave dICARUS 1, pour voir sil y a des survivants et sils peuvent récupérer de quoi réparer leurs dégâts. Si lépave ne contient que mort et désolation, lescapade savère en plus meurtrière. La route reprend pourtant tant bien que mal, mais commencent alors de mystérieux évènements dans le vaisseau
« Quand vous recevrez ce message, je serais dans la zone morte »
Avant tout commentaire, il faut tout dabord que jexprime la première impression que jai ressentie dès les premières minutes de « Sunshine » : ce film ne ressemble à aucun autre, et à tous à la fois, cest un trip spirituel très étrange !
Danny Boyle aux commandes de ce film et dICARUS 2, cest pour lui une occasion unique de plonger dans sa passion de la science-fiction en allant jusquau bout de son délire, et de rendre en même temps hommage à ces prédécesseurs qui lont fortement inspirés par le biais de références ultras visibles. Parmi ces références, on peut citer en vrac et non exhaustivement « Alien », « Armageddon », ou « 2001 lodyssée de lespace ». Mais il y a une dimension supplémentaire dans ce film, quelque chose de spirituel ou de mystique. Dailleurs, la présence de ce jardin à bord ne fait-elle pas penser à une sorte dEden ou dArche de Noé ?
Car ce nest pas quun simple film de science-fiction que nous propose Boyle, cest aussi une aventure visuelle et spirituelle, dans laquelle les héros de cette aventure sembarquent, à la recherche dune vérité qui leur est propre. Pour certains, le soleil est avant tout un symbole mystique, pour dautres une vérité scientifique inconnue quil faut découvrir. Bien sûr, du soleil dépend la vie et la survie de lhumanité, mais au-delà de ça lastre solaire revêt toutes ces formes fantasmagoriques. Comment dailleurs ne pas voir ces scènes de contemplations du soleil ou la scène finale dans ce cube immense comme une visualisation du prisme de lesprit ?
Dans tous les cas, il fascine les membres dICARUS 2, et il suffit de voir les longues scènes de contemplation de lastre ou de lattente du moment fatal où ils vont le rencontrer physiquement pour voir combien le Boyle se situe au-delà de la simple science-fiction.
« Si vous vous réveillez un matin et quil fait très beau, vous saurez quon a réussi »
Il nen demeure pas moins que ce film reste un bon film de genre. Doté dun budget considérable et dun scénario de qualité, on y retrouve tous les codes du genre du film daventures spatiales, avec lenjeu de sauver lhumanité, en passant par le huitième passager qui liquide les autres. Compte tenu de ce qui a été fait avant avec des budgets pharaoniques, ce film produit par les britanniques ne fait jamais pâle figure. Au contraire. Les décors et les effets spéciaux sont franchement réussis, et ils ne font jamais pâles figures.
Sur la forme, le film de Boyle jouit dune réalisation léchée, sachant jouer élégamment avec les effets spéciaux, tout en sachant préserver lart délicat de la subtilité. Contrairement aux films du type « Mission to mars », où le scénario nest prétexte quà aligner les effets visuels, Boyle préfère ne pas en mettre plein la vue (même si son film est visuellement réussit et souvent impressionnant) pour favoriser lhistoire elle-même.
Son casting international surprend au début, mais convainc assez rapidement. Cillian Murphy est étonnant mais bon dans un rôle de scientifique assez aérien, Chris Evans surprend dans un rôle dhomme de convictions qui lui va mieux que ses habituels rôles de belle gueule de service. Chez les femmes, Rose Byrne dans un rôle assez lunaire se montre très attachante, comme Michelle Yeoh en écologiste militante.
Au final, Danny Boyle revient avec un film de science-fiction très personnel et un peu fourre-tout. Sil samuse à jouer des codes et des figures imposés par le genre et par ses prédécesseurs, il donne à son film une dimension supplémentaire, sorte de trip mystico-spirituel autour du soleil et de la vérité quil représente pour chacun des membres de son équipage. Ces interrogations donnent dailleurs lieu à de nombreuses scènes contemplatives, plutôt rare dans ce genre de film et qui donnent une griffe visuelle très personnelle à ce « Sunshine ». Mais lessentiel est définitivement ailleurs, dans la réflexion que propose Boyle, aussi bien sur lavenir de lhumanité que dans la recherche dune vérité spirituelle. Il propose un voyage contemplatif, souvent mélancolique, et parfois psychédélique. On est libre daimer ou pas. Mais son pari est plutôt réussi.
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