Seuls les anges ont des ailes
Un grand merci à Wild Side Vidéo pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Seuls les anges ont des ailes » de Howard Hawks.
« Seul un être humain peut risquer une telle aventure. Il faut dire que les oiseaux ne sont pas assez fous pour voler sous une pluie pareille ! »
En escale à Barranca, petit port bananier d’Amérique du Sud, Bonnie Lee rencontre les pilotes de l’équipe aéropostale de ce lieu hors du temps, où l’on meurt comme on vit : avec bravoure. D’emblée, l’artiste new-yorkaise est subjuguée par le séduisant et intrépide Geoff Carter, qui dirige la compagnie et n’est pas le genre d’homme à laisser des sentiments interférer dans ses missions et dans son monde, où le danger est omniprésent et où tout peut basculer en un instant, au gré du hasard et des tempêtes…
« Carter vole uniquement quand il estime que c’est trop dangereux pour les autres »
En dépit de toutes les atrocités qu’elles engendrent, les guerres sont des périodes qui donnent toujours lieu à un certain nombre de progrès technologiques : le moteur à réaction, les fusées, la maitrise de l’atome... Un constat implacable, bien que terriblement cynique. La Première Guerre Mondiale fut ainsi marquée par l’avènement de l’aviation. Et avec elle, d’une nouvelle mythologie lui étant propre, consacrant les chevaliers du ciel, héros des temps modernes transformant le ciel en un champ de bataille jusqu’alors inédit et inaccessible. Parmi ces pionniers assoiffés d’aventures, quelques-uns firent plus tard les beaux jours d’une autre industrie innovante, le cinéma. Tel Henri Decoin en France. Ou encore William A. Wellman côté américain. Tous trouveront dans cette expérience matière à nourrir leurs films (« Les bleus du ciel », « Au grand balcon » pour le premier, « Les ailes », « Pilotes de chasse » ou encore « Ses premières ailes » pour le second). S’il ne prit pas directement part aux combat dans le ciel français, Howard Hawks fut pour sa part instructeur en charge de former les jeunes apprentis pilotes. Devenu un cinéaste reconnu et éclectique après-guerre, il signera en creux, lui aussi, plusieurs films centré sur sa passion pour l’aviation : « Les rois de l’air » (1928), « La patrouille de l’aube » (1930) et, surtout, « Seuls les anges ont des ailes » (1939) qui compte parmi ses plus grandes réussites.
« Tous les pilotes ici sont mes amis. Tu es le seul que je peux envoyer voler par tous les temps en ne me souciant que de l’appareil »
« Seuls les anges ont des ailes » nous embarque ainsi pour une aventure exotique. Loin, quelque part en Amérique du Sud, la caméra échoue au bord de la piste d'atterrissage d'une petite ville portuaire perdue. Un lieu peuplé par une petite troupe de pilotes américains œuvrant pour le compte de l'aéropostale. Ces derniers mettant ainsi leur passion dévorante pour l'aviation au service du convoyage de courrier, au gré de vols particulièrement périlleux à travers la Cordillère des Andes. D’ailleurs, la mort est là, omniprésente, flottant sur le récit comme une finalité inéluctable pour tous les pilotes, y compris les plus aguerris. Un destin qu’ils acceptent tous néanmoins de bonne grâce, considérant ce risque autant comme une adrénaline qu’un aléas faisant partie intégrante du métier. Car au fond, la passion du ciel et l'envie dévorante de dépasser les limites demeure toujours la plus forte (le héros ne choisit il d'ailleurs pas le ciel plutôt que la vie confortablement ordinaire que lui propose cette touriste américaine dont il s'éprend?). Cinéaste éclectique alors célèbre pour ses formidables screwball comedy (« L’impossible Monsieur Bébé », « La dame du vendredi », « Boule de feu »), Hawks nous rappelle ici qu'il fut aussi l'un des très grands noms du cinéma d'aventures hollywoodien. « Seuls les anges ont des ailes » réussit en cela l’exploit de combiner à la fois des séquence d’aventures spectaculaires (à l'image du passage particulièrement périlleux des cols de montagne par mauvais temps ou de l'atterrissage guidé à l'oreille par forte tempête) autant qu’une aventure humaine particulièrement forte. Avec en son cœur, un mélange de courage et de nihilisme qui lie ses hommes dans une franche et virile camaraderie teintée d’une sorte de code d’honneur. Et qui donne à chaque instant passé une saveur encore plus particulière. Un classique indémodable, qui a inspiré de nombreux cinéastes, de « La kermesse des aigles » (George Roy Hill, 1975) à « Porco Rosso » (Hayao Miyazaki, 1992).
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Le DVD : Le film est présenté en version restaurée dans un Nouveau master restauré 4K et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Les invalides » : survol du film par Noël Simsolo (22 min.), de « Orgueil et indépendance » : portrait de Howard Hawks à travers ses films, par Noël Simsolo (31 min.) ainsi que d’une Bande-annonce.
Édité par Wild Side Vidéo, « Seuls les anges ont des ailes » est disponible en Édition Médiabook collector blu-ray + DVD + Livret exclusif de 50 pages (« Anges et mauvais garçons » écrit par Doug Headline et illustré de photos d'archives) depuis le 7 juillet 2021.
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